mercredi 20 mai 2020



Nina Harker est l'un des groupes qui a mis en enregistrement quelques choses de la plus belle musique des derniers années. Un son de liberté étrange, de désorientation de l'époque, de la transfiguration du familier. On s'y sent comme une fuite dans les bois de l'horreur, comme une étude virevoltante d'un moment où la peur deviendrait fascination et quelque chose de chaud dans le froid.
 Par cette troisième offrande, la troisième par le Syndicat des Scorpions, qui porte joliment ce que porte son nom, Nina, ce fantôme montre qu'elle est toujours tapis à la limite de ce que nos yeux peuvent voir, outre-temps. Ce qui reste, au delà des quelques mouvements tubesques qui effleurent, c'est quelque chose, qui flotte au dessus, au-delà, à l'intérieur et entre les instrumentations éclatées, riches dans leur décharnement. Quelque chose comme un tempérance simplement obscure dansant au milieu de la multiplicité des intrants polyglottes et éthérée : souvenirs réels ou imaginés, on ne sait pas. Nina Harker est peut-être un peu comme la lointaine cousine de jardin de ce que nous avait conté JM Mercimek mais dans un mouvement inverse : là où chez l'un le lumineux glisse à lisière de quelque chose de terrifiant aux contours babillants, chez l'autre la noirceur est un élan vers un mouvement de traversée de la traversée, d'une agitation qui se cherche, s'observe comme un animal de sorcellerie, se trouve, et que c'est ici joie de retrouver.

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